On my way to sunny California #3
Curieusement assez peu (voire pas du tout) reconnu de nos
jours, Jesse Belvin était pourtant une figure majeure du R&B et de la soul
music dans les années 50, dont se revendiqueront entre autre Sam Cooke et après
lui Marvin Gaye.
Recruté alors qu’il était encore adolescent par le saxophoniste Big Jay McNeely pour rejoindre son quatuor de choristes Three dots and a dash, il rejoint le label Specialty en 1952 et obtient la seconde place des charts R&B en 1953 grâce à « Dream Girl » (en duo avec le saxophoniste Marvin Phillips).
Après un passage par la case « service
militaire », pendant lequel il co-écrit quand même le mythique « EarthAngel » popularisé par les Penguins en 1955, il signe en 1956 chez ModernRecords, l’un des gros labels R&B de la ville, qui accueillit entre autre
Etta James, B.B. King et John Lee Hooker…
Etta James disait d’ailleurs de Jesse Belvin qu’il était « le plus talentueux de tous… le plus grand chanteur de ma génération », lui prédisant une carrière plus grande que celle de Sam Cooke ou même de Nat KingCole.
Etta James disait d’ailleurs de Jesse Belvin qu’il était « le plus talentueux de tous… le plus grand chanteur de ma génération », lui prédisant une carrière plus grande que celle de Sam Cooke ou même de Nat KingCole.
Selon le critique musical anglais Bill Millar, « Los Angeles
regorgeait de cliques d’artistes noirs doués. Ils répétaient ensemble,
échangeaient des chansons et chantaient sur les disques des uns et des autres
de manière libre et informelle, peu soucieux des accords contractuels. ».
On peut bien sûr penser à l’omniprésent Richard Berry, mais également à Jesse
Belvin, compositeur prolifique, vendant pour une centaine de dollars les droits
de dizaines de chansons pour lesquels il ne sera pas crédité.
On raconte ainsi qu’il se rendait aux sessions d’enregistrement
sans avoir encore une seule ligne d’écrite, trouvant l’inspiration sur la route
même du studio. Le guitariste de session Rene Hall raconte ainsi :
« Jesse pouvait entrer en studio avec quelques musiciens et composer sur
le champ ».
Cependant, comme le souligne Gaynel Hodge (avec sans doute une pointe de mauvaise fois, lui qui revendiquera quand même une part de la paternité du tube « Earth Angel ») : « Jesse pouvait hypnotiser les gens avec sa voix (…) mais une fois qu’il était parti avec son fric, ils s’apercevaient que la chanson ne tenait que grâce à lui, et que tout ce qu’il leur restait n’était que fumée ».
Cependant, comme le souligne Gaynel Hodge (avec sans doute une pointe de mauvaise fois, lui qui revendiquera quand même une part de la paternité du tube « Earth Angel ») : « Jesse pouvait hypnotiser les gens avec sa voix (…) mais une fois qu’il était parti avec son fric, ils s’apercevaient que la chanson ne tenait que grâce à lui, et que tout ce qu’il leur restait n’était que fumée ».
On le retrouve aussi
occasionnellement chanteur principal dans le duo à géométrie variable Marvin& Johnny, ou bien encore sur les disques des Cliques, et plus tard chez les
Shields avec Johnny « Guitar » Watson (notamment « YouCheated » en 1958)…
Belvin sort tout de même sous son propre nom une dizaine de
singles chez Modern, dont « Goodnight my love » (parfois sous-titrée "Pleasant Dreams") est le plus
emblématique.
George Motola, producteur chez Modern Records, trainait cette chanson depuis
1946 sous une forme inachevée. Jesse, fidèle à son habitude, finit la chanson
en quelques minutes puis vendit ses droits pour 400 $ à John Marascalco
(parolier d’un certain nombre de classiques tels que « Good Golly MissMolly » et « Rip It Up » de Little Richard, il lancera la
carrière du jeune Harry Nilsson en 1963).
Produite par Marascalco, « Goodnight my Love » atteint la 7ème place du classement R&B et devient un classique du genre maintes fois repris, servant même de générique de fin aux populaires émissions de radio d’Alan Freed.
On raconte également que c’est Barry White, alors âgé de 11 ans seulement !, qui joue du piano sur ce titre.
Produite par Marascalco, « Goodnight my Love » atteint la 7ème place du classement R&B et devient un classique du genre maintes fois repris, servant même de générique de fin aux populaires émissions de radio d’Alan Freed.
On raconte également que c’est Barry White, alors âgé de 11 ans seulement !, qui joue du piano sur ce titre.
En signant chez RCA en 1959 sur les conseils de sa femme et manager Jo Anne, Jesse Belvin semble enfin prendre en main sa carrière. Il sort dans l’année l’album « Just Jesse Belvin », avec le tube « Guess Who », gagnant au passage le surnom de « Mr. Easy », certains saluant la maturité et la plus grande sophistication de son nouveau style, le voyant déjà comme un futur Nat « King » Cole, d’autres l’accusant d’affadir sa musique et de jouer le jeu des majors qui s’efforçaient alors de récupérer la musique noire pour en faire quelque chose de plus acceptable pour le public blanc.
Le 6 février 1960, tout cela n’eut plus beaucoup d’importance : à la suite d’un concert à Little Rock, ponctué d’incidents racistes et de menaces de morts, Jesse et sa femme périront tous les deux dans un accident de voiture qui pour beaucoup restera à jamais suspect. Il avait 27 ans...
Goodnight My Love (George Motola / John Marascalco)
Produit par John Marascalco
Label: Modern Records
Produit par John Marascalco
Label: Modern Records
Disponible sur cette bonne anthologie proposant un grand nombre de ses premiers singles plus ses deux albums de 1959 et 1960
Beaucoup de reprises, dont une très belle produite par Brian Wilson en 1969 pour les Honeys et une autre d'Alex Chilton sur l'album "Loose Shoes and Tight Pussy" en 1999...
Sur son album de 1976 "Mr Biggs", le chanteur de reggae Barry Biggs rend également hommage à Jesse Belvin, dont l'influence semble avoir été grande en Jamaïque (voir également celle de John Holt)...
Les Fleetwoods, trio à succès un peu trop sage malgré les possibilités (deux filles, un garçon...), s'offrira un dernier hit en 1963 avec leur reprise, jolie mais un peu aseptisée, comme souvent à l'époque quand on voulait rendre populaire une chanson écrite par un noir en la faisant chanter par des blancs...
Autres reprises intéressantes: The Four Seasons, Art Garfunkel, Ben E. King, Gladys Knight & The Pips, Ray Peterson, The Tymes, Screamin' Jay Hawkins, The Shangri-Las, ...
Sur son album de 1976 "Mr Biggs", le chanteur de reggae Barry Biggs rend également hommage à Jesse Belvin, dont l'influence semble avoir été grande en Jamaïque (voir également celle de John Holt)...
Les Fleetwoods, trio à succès un peu trop sage malgré les possibilités (deux filles, un garçon...), s'offrira un dernier hit en 1963 avec leur reprise, jolie mais un peu aseptisée, comme souvent à l'époque quand on voulait rendre populaire une chanson écrite par un noir en la faisant chanter par des blancs...
Autres reprises intéressantes: The Four Seasons, Art Garfunkel, Ben E. King, Gladys Knight & The Pips, Ray Peterson, The Tymes, Screamin' Jay Hawkins, The Shangri-Las, ...