Dr Jekyll et Mr Hyde du Rhythm & Blues californien, cette formation connut de 1955 à 1957 une activité intense sous la double identité des Jacks et des Cadets.
Quand les Santa Monica Soul Seekers, un groupe de gospel aux solides qualités vocales, sont engagés par les frères Bihari sur leur label Modern, ces derniers ont une idée bien précise en tête.
Tout d'abord, ils changent le nom du groupe, qui s'appelle désormais The Cadets, et les convainquent d'abandonner le gospel. Ensuite, ils cherchent auprès de plus petits labels ne bénéficiant pas d'un aussi fort rayonnement que le leur, des hits potentiels qui feront d'excellentes reprises.
Pour mettre encore plus de chances de leur côté, le groupe sortira sur leur filiale RPM Records la moitié de ses enregistrements, plutôt les ballades, sous le nom The Jacks.
Une vingtaine de 45 tours vont voir le jour en un peu moins de deux ans, et souvent les reprises seront bien supérieures aux versions originales.
Le premier disque à sortir sous le nom des Cadets, "Don't Be Angry", est ainsi une chanson popularisée quelques mois avant par Nappy Brown.
Ils font encore plus fort en tant que Jacks avec "Why Don't You Write Me", une reprise des Feathers qui sera d'ailleurs leur seul vrai hit sous ce nom.
"Stranded in the Jungle" sort à l'été 1956: il s'agit là encore d'une chanson sortie à peine plus tôt par un petit groupe local, les Jayhawks, mais qui se trouve transcendée par l'interprétation qu'en donnent les Cadets. Elle se classera d'ailleurs à la 4ème place des charts R&B et sera la seule du groupe à sortir au Royaume-Uni.
Véritable petite saynète mettant en scène une Afrique de pacotille, avec crash d'avion, cannibales affamés et traversée de l'océan à dos de baleine, "Stranded in the Jungle" est l'exemple même de la novelty song, une sorte de chanson-sketch, genre dans lequel excelleront les Coasters dans les années à venir ("Yakety Yak"; "Along Comes Jones"...).
Malgré l'enchaînement des sorties, et de vraies réussites comme "Do You Wanna Rock" et "I'll Be Spinning" pour les Cadets (qui iront jusqu'à s'autoparodier avec "Love Bandit") , ou "This Empty Heart" pour les Jacks, la stratégie des frères Bihari ne paye pas vraiment, et le groupe ne percera jamais vraiment.
Fin 1957, le groupe se sépare. Deux de ses membres, Aaron Collins et Willie Davis, partent rejoindre les Flairs, un de ces groupes de doo-woop à géométrie variable dont L.A regorge à l'époque. Will "Dub" Jones, lui, tire le bon numéro en ralliant les Coasters...
Stranded in the Jungle (James Johnson / Ernestine Smith)
Produit par Joe Bihari (?)
Label: Modern Records
Disponible sur cette compilation proposée par le label anglais Ace Records qui détient les droits du catalogue Modern.
L'inévitable reprise par des artistes blancs fut commise par les Gadabouts quelques jours seulement après celle des Cadets.
Les New York Dolls rendront hommage à la version des Cadets sur leur album "Too Much Too Soon" en 1974.
C'est chez un petit disquaire de L.A (Loire-Atlantique, notre côte Ouest à nous) que je dénichai un jour le CD de Pacific Ocean Blue...
Pacific Ocean Blue, c'est l'unique album solo de Dennis Wilson, le batteur des Beach Boys, le seul d'entre eux qui accéda réellement à ce mythe californien qu'ils popularisèrent durant la première moitié des 60's, et auquel il se brûla les ailes.
En 1977, quand sort cet album, Dennis Wilson est une sorte de clochard céleste qui hante la jet-set californienne de l'époque. Abonné aux excès en tout genre, il se faisait régulièrement virer de son propre groupe, et personne n'attendait plus grand chose de lui musicalement parlant.
Il avait pourtant signé, dans l'ombre de son grand frère Brian, quelques unes des plus belles chansons des Beach Boys, de Little Bird à Forever, en passant par Be with me... Il avait même sorti, en duo avec son ami Daryl Dragon, un single en 1970: Sound of free, avec en face B le magnifique Lady.
Talent gâché par une hyperactivité destructrice, il laisse alors filer les années au gré d'un courant tortueux qui le mènera vers une issue forcément fatale...
Avec l'aide de quelques amis, le fidèle Gregg Jakobson en tête, il enregistre pourtant de quoi remplir un album, et même un peu plus.
Se rattachant à ce travail en studio comme à une bouée, il insuffle à ses chansons une mélancolie nauséeuse, au milieu de laquelle brillent de-ci de-là des petites bulles d'espoir...
Quelques années plus tard, l'Océan Pacifique l'engloutira à jamais...
Pendant longtemps, Stereolab ne fut pour moi que ces CD aux pochettes étranges sur lesquels je tombais parfois au détour d'un rayon dans les bacs "indépendants" de mes disquaires favoris...
J'avais déjà été tenté d'en choisir un au hasard et de tenter l'expérience, mais je me retrouvais vite perdu dans l'univers de couleurs fluo et de design minimaliste de leur discographie véritablement labyrinthique!
Jusqu'à ce que je franchisse le pas avec l'excellent coffret "Oscillons from the Anti-Sun", qui regroupe 8 de leurs meilleurs EPs agrémentés de quelques inédits...
Et là, quelle claque!! C'était véritablement brillant: une sorte de pop rétro-futuriste, au carrefour des 60's et du krautrock, dans laquelle on retrouve également des réminiscences de musique lounge, brésilienne, de psychédélisme...
Certains morceaux sont assez minimalistes et expérimentaux, d'autres frôlent le rock noisy, d'autres encore sont plus riches et font la part belle aux arrangements de cuivres, toujours assaisonnés de ce qu'il faut de claviers vintages et de bidouilleries électro...
Le groupe fut fondé en 1990 par la Française Laëtita Sadier au chant (les paroles sont souvent en français, et sont toujours surréalistes) et l'Anglais Tim Gane. On peut aussi citer Mary Hansen, dont les chœurs seront un des éléments prépondérants du son "Stereolab" jusqu'à sa mort tragique en 2002 dans un accident de vélo, et Andy Ramsay qui sera présent derrière la batterie de 1993 à aujourd'hui...
Le reste de la composition du groupe sera fluctuant, et accueillera à l'occasion le génial Sean O'Hagan des High Llamas, John McEntire de Tortoise, ou encore Jim O'Rourke...
"Miss Modular" est tiré de l'album "Dots and Loops", sorti en 1997 et faisant suite au très bon "Emperor Tomato Ketchup" (1996), et bénéficie de la collaboration du groupe Mouse on Mars.
Curieusement assez peu (voire pas du tout) reconnu de nos
jours, Jesse Belvin était pourtant une figure majeure du R&B et de la soul
music dans les années 50, dont se revendiqueront entre autre Sam Cooke et après
lui Marvin Gaye.
Recruté alors qu’il était encore adolescent par le saxophoniste Big Jay McNeely
pour rejoindre son quatuor de choristes
Three dots and a dash, il rejoint le label
Specialty en 1952 et obtient la seconde place des charts R&B en 1953 grâce
à « Dream Girl » (en duo avec le saxophoniste Marvin Phillips).
Après un passage par la case « service
militaire », pendant lequel il co-écrit quand même le mythique « EarthAngel » popularisé par les Penguins en 1955, il signe en 1956 chez ModernRecords, l’un des gros labels R&B de la ville, qui accueillit entre autre
Etta James, B.B. King et John Lee Hooker…
Etta James disait d’ailleurs de Jesse Belvin qu’il était « le plus
talentueux de tous… le plus grand chanteur de ma génération », lui
prédisant une carrière plus grande que celle de Sam Cooke ou même de Nat KingCole.
Selon le critique musical anglais Bill Millar, « Los Angeles
regorgeait de cliques d’artistes noirs doués. Ils répétaient ensemble,
échangeaient des chansons et chantaient sur les disques des uns et des autres
de manière libre et informelle, peu soucieux des accords contractuels. ».
On peut bien sûr penser à l’omniprésent Richard Berry, mais également à Jesse
Belvin, compositeur prolifique, vendant pour une centaine de dollars les droits
de dizaines de chansons pour lesquels il ne sera pas crédité.
On raconte ainsi qu’il se rendait aux sessions d’enregistrement
sans avoir encore une seule ligne d’écrite, trouvant l’inspiration sur la route
même du studio. Le guitariste de session Rene Hall raconte ainsi :
« Jesse pouvait entrer en studio avec quelques musiciens et composer sur
le champ ».
Cependant, comme le souligne Gaynel Hodge (avec sans doute une pointe de
mauvaise fois, lui qui revendiquera quand même une part de la paternité du tube
« Earth Angel ») : « Jesse pouvait hypnotiser les gens avec
sa voix (…) mais une fois qu’il était parti avec son fric, ils s’apercevaient
que la chanson ne tenait que grâce à lui, et que tout ce qu’il leur restait
n’était que fumée ».
Belvin sort tout de même sous son propre nom une dizaine de
singles chez Modern, dont « Goodnight my love » (parfois sous-titrée "Pleasant Dreams") est le plus
emblématique.
George Motola, producteur chez Modern Records, trainait cette chanson depuis
1946 sous une forme inachevée. Jesse, fidèle à son habitude, finit la chanson
en quelques minutes puis vendit ses droits pour 400 $ à John Marascalco
(parolier d’un certain nombre de classiques tels que « Good Golly MissMolly » et « Rip It Up » de Little Richard, il lancera la
carrière du jeune Harry Nilsson en 1963).
Produite par Marascalco, « Goodnight my Love » atteint la 7ème
place du classement R&B et devient un classique du genre maintes fois
repris, servant même de générique de fin aux populaires émissions de radio
d’Alan Freed.
On raconte également que c’est Barry White, alors âgé de 11 ans seulement !,
qui joue du piano sur ce titre.
En signant chez RCA en 1959 sur les conseils de sa femme et
manager Jo Anne, Jesse Belvin semble enfin prendre en main sa carrière. Il sort
dans l’année l’album « Just Jesse
Belvin », avec le tube « Guess Who », gagnant au passage le
surnom de « Mr. Easy », certains saluant la maturité et la plus
grande sophistication de son nouveau style, le voyant déjà comme un futur Nat
« King » Cole, d’autres l’accusant d’affadir sa musique et de jouer le jeu des majors qui s’efforçaient
alors de récupérer la musique noire pour en faire quelque chose de plus
acceptable pour le public blanc.
Le 6
février 1960, tout cela n’eut plus beaucoup d’importance : à la suite d’un
concert à Little Rock, ponctué d’incidents
racistes et de menaces de morts, Jesse et sa femme périront tous les deux dans
un accident de voiture qui pour beaucoup restera à jamais suspect. Il avait 27 ans...
Goodnight My Love (George Motola / John Marascalco)
Produit par John Marascalco
Label: Modern Records
Disponible sur cette bonne anthologie proposant un grand nombre de ses premiers singles plus ses deux albums de 1959 et 1960
Beaucoup de reprises, dont une très belle produite par Brian Wilson en 1969 pour les Honeys et une autre d'Alex Chilton sur l'album "Loose Shoes and Tight Pussy" en 1999...
Sur son album de 1976 "Mr Biggs", le chanteur de reggae Barry Biggs rend également hommage à Jesse Belvin, dont l'influence semble avoir été grande en Jamaïque (voir également celle de John Holt)...
Les Fleetwoods, trio à succès un peu trop sage malgré les possibilités (deux filles, un garçon...), s'offrira un dernier hit en 1963 avec leur reprise, jolie mais un peu aseptisée, comme souvent à l'époque quand on voulait rendre populaire une chanson écrite par un noir en la faisant chanter par des blancs...
Si musicalement les années 80 ne furent pas entièrement perdues, c'est en grande partie grâce à Madness, formation anglaise issue du mouvement ska qui se révélera finalement être, au même titre que XTC, le chaînon manquant entre les Kinks des 60's et le Blur des 90's!!
Avec "The Rise & Fall", Madness est à son apogée...
Quatrième album du groupe, il confirme la progression observée sur les trois premiers: toujours produit par les impeccables Clive Langer et Alan Winstanley (qui produiront tous leurs albums, ainsi que ce qui s'est fait de mieux à l'époque: Dexys Midnight Runners, Elvis Costello, et plus tard Morrisey, Aztec Camera ou They Might Be Giants), il voit les membres du groupe s'éloigner progressivement du ska, qu'ils ne renient pas mais auquel ils refusent d'être indéfiniment associés, pour affiner leur écriture, la rendant plus mature, avec des textes plus sombres et sérieux, et des arrangements ambitieux puisant aussi bien dans le meilleur de la pop anglaise de la fin des 60's (Beatles, Kinks, Small Faces...) que dans le son de la Motown...
Petite sélection personnelle des meilleurs titres de l'album:
1. The Rise and Fall
2. Tomorrow's Just Another Day
3. Primrose Hill
4. Our House
5. Calling Cards
6. Madness (Is All In The Mind)
La version Deluxe sortie en 2012 chez Salvo est un modèle de réédition: le travail de remasterisation est épatant, et nous avons droit à un CD de bonus bien rempli: des versions alternatives de certains titres enregistrés pour la BBC alors que l'album est encore en phase d'écriture, les singles "House of Fun" et "Driving in my Car" ainsi que leurs faces B, ou encore la version de "Tomorrow's Just Another Day" avec Elvis Costello...
La scène se passe en juillet 1968, chez Joni Mitchell, nouvelle égérie du Laurel Canyon en cette fin des années psychédéliques. Le Laurel Canyon rassemblait à l'époque la crème de l'intelligentsia de Los Angeles, et il y régnait, selon les propres mots de Graham Nash, "l'ambiance (...) de Vienne au début du XXème siècle, ou (...) de Paris dans les années 1930".
La chanteuse folk et poétesse canadienne, qui ouvrit la voie à des générations d'auteures-compositrices, organisait régulièrement des soirées entre gens choisis où chacun pouvait présenter aux autres ses nouvelles chansons. Ce soir-là, on pouvait y trouver David Crosby et Stephen Stills.
Crosby est l'un des membres fondateurs des Byrds, le groupe phare de la scène rock de L.A., mais il s'en était fait virer sans ménagement quelques mois plus tôt par le leader autoproclamé Roger McGuinn: son comportement imprévisible le rendait de plus en plus ingérable, son mode de vie hédoniste, plus en accord avec les principes des groupes ennemis de San Francisco (Jefferson Airplane et le Grateful Dead en tête) dérangeait, et ses compositions et choix musicaux s'éloignaient de plus en plus des canons byrdsiens. Le divorce était inévitable, et bien que meurtri, Crosby n'attendait sans doute que cela pour reprendre sa liberté...
Stills avait quant à lui tout bonnement fait imploser son propre groupe en pleine envolée vers la gloire: fondé en 1966 avec Neil Young, Richie Furay et Jim Messina, le Buffalo Springfield se nourrissait d'influences diverses, adoptant un style folk-pop racé tout en annonçant l'avènement du rock électrique, et il décrochait même un tube mérité avec la composition de Stills "For what it's worth". Mais des problèmes de producteurs, associés à l'attitude tyrannique d'un Stills maniaque et ambitieux et aux crises d'angoisse de Neil Young, rendent l'ambiance au sein du groupe explosive. A peine deux ans après sa création, le Buffalo Springfield se sépare. Neil Young se lance dans une carrière solo prometteuse et Furay et Messina s'en vont fonder Poco, laissant Stills seul avec ses frustrations.
Au festival pop de Monterey en juin 1967 Crosby, pourtant toujours membre des Byrds à l'époque, avait palié au pied levé la défection de Neil Young au sein du Buffalo Springfield et ainsi scellé son amitié avec Stills. Depuis, les deux hommes se croisent régulièrement entre deux projets et commencent à sérieusement envisager une collaboration lorsqu'ils se retrouvent à la soirée organisée chez elle par Joni Mitchell. C'est alors que Mama Cass Elliott (des Mamas & Papas) débarque avec Graham Nash.
Quelques mois auparavant, Crosby et Stills avaient proposé à leur ami John Sebastian des Lovin' Spoonful de faire les choeurs sur certaines de leurs nouvelles compositions, mais Sebastian lui-même reconnut alors: "Ce qu'il vous faudrait, c'est une autre voix. Une voix haute qui tourne autour de la mélodie". Et selon lui, il n'en existait que deux au monde: Phil Everly et Graham Nash!
C'est donc avec beaucoup d'empressement que les deux compères chantent "Helplessly Hoping" et "You don't have to cry"au nouvel arrivant qui écoute religieusement. Il leur demande alors de recommencer la dernière, "et là, raconte Nash, je me suis lancé avec ma tessiture aiguë."
Pour les chanceux qui assistèrent à la rencontre de ces trois voix, c'est une nouvelle Annonciation, Graham allant plus tard jusqu'à dire avoir même entendu les cloches! John Sebastian, l'ange Gabriel de la soirée, jubile car sa prédiction s'accomplissait de la plus belle des manières: "Le son était absolument magique, et ces harmonies... C'était quelque chose qu'on n'avait jamais entendu." Paul Rothschild, producteur chez Elektra (notamment pour les Doors) ira même jusqu'à dire : "On serait tous entrés en religion s'ils avaient ouvert une église". Bon, on l'aura compris, ils avaient assuré...
Pour David Crosby, il est évident qu'ils ne peuvent pas en rester là. Stephen Stills est tout aussi enthousiaste, mais il reste plus pragmatique et s'inquiète de savoir s'ils pourront continuer l'aventure.
Car Graham Nash est encore officiellement membre des Hollies, l'un des principaux groupes anglais du moment, à la production léchée et aux harmonies vocales de haute volée: la très commerciale "Jennifer Eccles" (écrite en réponse au relatif insuccès de leur pourtant supérieur précédent single "King Midas in reverse") vient d'ailleurs de rejoindre la longue liste de leurs hits. Crosby et Stills ne voient pas pourquoi Nash quitterait célébrité et fortune pour eux.
Ce qu'ils ne savent pas, c'est que ce dernier est déjà en rupture avec sa vie anglaise: il ne partage plus l'orientation de son groupe, où il se sent de plus en plus à l'étroit ("Même si c'était solide, nous n'étions que des fabricants de chansonnettes" dira-t-il plus tard), et sa relation naissante avec Joni Mitchell a provoqué l'éclatement de son couple. Pour lui aussi, il est clair que son futur, tant artistique qu'amoureux, ne peut s'écrire qu'à Los Angeles.
Mais un problème de taille demeure: Elliot Roberts, alors manager de Joni Mitchell et de Neil Young, est le premier à se préoccuper des obligations contractuelles des trois chanteurs qui les liaient à des labels différents. Un peu dépassé, il s'allie un autre manager talentueux à l'opportunisme qui allait devenir légendaire, David Geffen. Celui-ci prend les choses en main, et il décroche pour le trio un contrat chez Atlantic début 69.
En fait, malgré le fiasco Buffalo Springfield, sur lesquels il avait placé beaucoup d'espoirs, Ahmet Ertegün, le patron d'Atlantic, a toujours gardé foi en Stephen Stills, et il entrevoit immédiatement tout le potentiel de ce trio miraculeux: "Tout ça était dans la continuité du Buffalo Springfield, mais à un degré bien supèrieur".
C'est en écoutant des démos fignolées en septembre 68 avec le batteur Dallas Taylor chez Paul Rotchchild, qu'Ertegün fut sûr d'avoir décroché le gros lot.
En attendant que Graham Nash quitte officiellement les Hollies, Crosby et Stills le rejoignent un peu avant Noël pour continuer à travailler leur répertoire. Selon Crosby, une autre raison les pousse à faire le voyage: "On ne voulait pas prendre le moindre risque et voir les Hollies convaincre Graham de rester avec eux".
Ils en profitent pour proposer à George Harrison de distribuer leur disque à venir via Apple, le label fondé par les Beatles, mais celui-ci rétorque: "Ce n'est pas trop ce que nous recherchons...".
Crosby, Stills et Nash repartiront tout de même de Londre avec la toute fraîche composition de McCartney pour le double blanc: "Blackbird". "Ca nous a complètement retourné, dira plus tard Graham Nash. Elle était faite pour nous et on l'a aussitôt repiquée". Il est vrai qu'on la dirait écrite à leur intention! Elle deviendra un classique de leurs concerts, mais ne sera finalement pas incluse dans l'album.
Nash définitivement libéré de ses obligations envers les Hollies, et après un bref séjour à New York pour participer à l'album solo de John Sebastian et peaufiner leurs propres chansons, les sessions d'enregistrement peuvent débuter: elles auront lieu au Studio III de Wally Heider à Hollywood. Dallas Taylor, à deux doigts de se faire remplacer par le légendaire Jim Gordon, est encore de la partie.
Prévu au départ pour être plutôt acoustique, Stephen Stills parvient à convaincre les deux autres de donner au disque une coloration plus rock. Il prend quasi d'autorité le poste de directeur artistique, échaudé par ses mauvaises expériences passées avec le Buffalo Springfield où il ne maîtrisait rien.
Selon la plupart des rares personnes autorisées à venir au studio, l'ambiance est très joyeuse, voire quasiment euphorique. Les trois hommes semblent se comprendre d'instinct: "Musicalement, c'était exactement cette direction que je voulais suivre avant même d'avoir quitté les Hollies", dira Graham Nash.
L'herbe circule allègrement, mais la cocaïne, nouvellement à la mode, est également de la partie, au point que le DJ Mitchel Reed surnomma le groupe les "Frozen Noses". Et pour certains observateurs, l'ambiance n'était pas aussi idyllique qu'il n'y paraissait. Stills, notamment, plus assoiffé de gloire et de reconnaissance que jamais, et conscient du potentiel de l'album en gestation, devient de plus en plus intransigeant et retombe peu à peu dans ses travers tyranniques qui avait conduit à l'implosion de son ancien groupe.
Nash et Crosby ne s'en offusquent pas plus que ça pour l'instant: malgré ses sautes d'humeur, Stills semble savoir ce qu'il fait et ses choix sont toujours justes. Dans le fond, ils sont même satisfaits de lui laisser toute la pression du projet. Selon Dallas Taylor, "Stephen était le leader. David et Graham s'organisaient en fonction de ce qu'il mettait à leur disposition." Graham Nash en convient: "Parfois, Stephen nous disait: "Pourquoi vous n'iriez pas vous chercher un sandwich?" Ca voulait dire qu'on devait s'éclipser."
Il faut dire que Stills ne ménage pas sa peine: supervisant tous les arrangements, il s'occupe également lui-même de toutes les parties d'orgue, de basse et de guitare électrique, ce qui lui vaut alors le surnom de "Captain Manyhands".
Finalement, l'album sera composé de dix morceaux:
Face A
1. Suite: Judy Blue Eyes, une composition qui poursuit Stephen Stills depuis son histoire d'amour chaotique avec Judy Collins. Excellente introduction à l'album, malgré sa longueur (plus de 7 minutes), il s'agit là d'une des meilleures chansons de la pourtant prolifique carrière de Stills. Comme son nom l'indique, il s'agit plutôt d'une suite de chansons, découpée en quatre sections distinctes dont l'assemblage fonctionne parfaitement. Stills y développe une technique de basse apprise au Costa Rica et la partie finale chantée en espagnole, outre la coloration enjouée qui contrebalance volontairement le côté introspectif du reste de la chanson, sonne comme un hommage aux musiques latines qui ont bercé son adolescence quand il suivait son ingénieur de père à travers toute l'Amérique Centrale.
2. Marrakesh Express, qui dénote assez par rapport au reste de l'album: une pop song signée Graham Nash qui aurait été parfaite pour les Hollies, et que ceux-ci avaient d'ailleurs enregistré du bout des lèvres, goûtant assez peu des paroles évoquant trop ouvertement la drogue. Parlophone refusera d'ailleurs de la publier. Nash n'est alors que trop content de pouvoir la réenregistrer avec ses nouveaux compagnons, bien plus sensibles au message.
3. Guinnevere, une étrange composition de David Crosby, qui déjà chez les Byrds avait écrit une chanson à l'ambiance médiévalo-psychédélique, Renaissance Fair. Crosby la considère comme l'une de ses meilleures compositions, avis que Miles Davis devait partager puisqu'il la reprend dès 1970 pendant les sessions de Bitches Brew (même si sa version ne paraîtra qu'en 1979 sur l'album Circle in the round). Le contraste avec Marrakesh Express est en tout cas flagrant, et prouve combien il s'agit là d'un groupe ou chacun des trois membres peut s'exprimer en toute liberté!
4. You Don't Have To Cry, le fameux titre joué à Nash chez Joni Mitchell, petite ballade entraînante (malgré des paroles quelques peu désabusées, inspirées là encore par l'histoire d'amour malheureuse de Stills et Judy Collins) joliment portée par le picking tout en finesse de Stills, et que la combinaison des trois voix transforme en moment de pur bonheur (à comparer avec la version demo de Stills)... La définition même de leur style!
5. Pre-Road Downs, écrit par Nash, montre combien ce dernier a pu faire confiance à Stephen Stills lors de la réalisation de l'album, acceptant de donner une saveur plus rock à certains morceaux. Stills est d'ailleurs encore une fois omniprésent sur la production et les arrangements: profitant de l'absence des autres, il fait des essais et ajoute les parties de guitares inversées qui donnent une touche agréablement psychédélique à l'ensemble (et n'est pas sans rappeler les Beatles de "I'm only sleeping"). A noter la présence créditée (à défaut d'être vraiment audible) de Cass Elliot dans les chœurs...
Face B
1. Wooden Ships est une ancienne composition de David Crosby, simple mélodie sans paroles sur laquelle Stephen Stills et Paul Kantner (guitariste du Jefferson Airplane) ont ajouté des paroles. "Si tu me souris, je comprendrai.": ainsi commence le dialogue entre deux soldats ennemis, survivants d'un désastre nucléaire, fuyant la folie des hommes sur un voilier mythique... La chanson, très onirique jusque dans ses arrangements qui alternent entre ballade folk et épopée futuriste, fait ainsi écho aux craintes de voir la guerre froide, alors à son comble, déboucher sur une guerre atomique. L'Airplane enregistre sa propre version, sans doute plus apocalyptique et hallucinée que celle de CSN, la même année sur l'excellent album "Volunteers".
Jackson Browne écrira en 1973 "For Everyman" en réponse à "Wooden Ships", jugée trop utopiste et surtout assez égoïste: partir à l'autre bout du monde pour y fonder sa petite communauté, c'est très bien, mais quid de tous ceux qui ne peuvent pas se payer de bateau? Crosby, pas rancunier et jamais avare de son talent pour les harmonies, assurera même les chœurs sur la chanson...
2. Lady Of The Island, déclaration d'amour de Nash pour Joni Mitchell, empreinte d'un romantisme presque gênant. Ecrite à peu près en même temps que Marakesh Express, elle fut elle aussi proposée aux Hollies qui ne lui accordèrent pas plus d'attention. Il est vrai que le style de cette chanson est loin de celui du groupe anglais, et ressemble plus à du Nash voulant faire du Crosby...
Nash l'enregistre en une seule prise, et Crosby ajoute sa partie assez spontanément en une seule fois lui aussi.
3. Helplessly Hoping est une autre ballade signée Stephen Stills, que ce dernier peaufine depuis plusieurs mois déjà. Véritable petit bijou qui vous touche au cœur par la simplicité de la mélodie et la beauté des harmonies en totale communion... Sans doute la plus belle de l'album!
4. Long Time Gone fut écrite par David Crosby juste après l'assassinat de Robert Kennedy, en juin 1968. Morceau assez basique, porté par la partie d'orgue aérienne et la guitare inspirée de Stills, et par le chant habité de Crosby (moins que dans la version démo cependant, plus spontané, presque jazz), il bénéficie là encore d'harmonies vocales soignées. Stills le perfectionniste passa une nuit entière à finaliser la structure instrumentale, enchainant essais et expérimentations pour arriver à un résultat qui lui convienne (la partie de basse lui aurait pris six heures à elle seule!)...
La chanson sert de BO à la séance d'ouverture du film sur Woodstock, qui montre la construction de la scène du festival.
5. 49 Bye-Byes , qui réunit deux morceaux ("49 Reasons" et "Bye Bye Baby", toutes deux adressées à Judy Collins) en un seul, permet à Stills de clore l'album comme il l'a débuté.
"On se serait cru au paradis du rock'n'roll. quand ils ont commencé à harmoniser ce passage "bye bye baby", je n'ai pas pu m'empêcher de m'exclamer "Nom de Dieu!"": ainsi parle Allan McDougall, critique à Rolling Stone présent dans le studio au moment de l'enregistrement de la chanson. Il est en effet très pardonnable d'avoir des frissons à l'écoute de cette chanson, l'envolée de ces trois voix à l'unisson ayant marqué plus d'un musicien à l'époque, définissant même le style du rock californien des dix prochaines années!
Pour la pochette, le groupe fait appel à Henry Diltz, du Modern Folk Quartet (groupe de folk "commercial" de L.A. alors séparé ), qui s'est reconverti avec succès dans la photographie. Le cadre de la séance photo est une vieille maison abandonnée a Santa Monica: "On n'a rien rajouté, dit Henry Diltz. La maison, le sofa, le palmier... Tout était déjà là."
Le trio hésite encore pour le nom du groupe (The Reliability Brothers?), et opte finalement pour une simple association de leurs patronymes respectifs. Crosby y est tout d'abord opposé, entendant d'ici les critiques sur leur égo (déjà réputé comme étant démesuré: Jerry Wexler, vice-président d'Atlantic Records, leur a même vicieusement proposé d'appeler l'album "Music from Big Ego", référence malicieusement retorse au disque "Music from Big Pink" du Band sorti un an auparavant), mais Nash lui prouve que c'est surtout la preuve qu'avant d'être un "super-groupe", ils sont surtout trois personnalités fortes capables de collaborer, ce que Stills résume très bien ainsi: "Nous nous appelons Crosby, Stills & Nash, comme une famille où chacun a suffisamment d'individualité et de liberté pour continuer à exister séparément". David Crosby est définitivement convaincu quand Nash, au grand dam de Stills qui aurait bien vu son nom en premier, prétend à juste titre que c'est "Crosby, Stills & Nash", dans cet ordre-là, qui sonne le mieux!
Pour que le nouveau nom officiel du trio colle parfaitement à la pochette, ils décident de refaire la photo en posant dans le bon ordre. Henry Diltz: "Pas de problème, ai-je dit, on y retourne. Il y en a pour cinq
minutes. Mais entre-temps, la maison a été détruite, et le canapé et le
palmier ont disparu ! L’album est sorti comme ça, avec les noms
inversés. Il n’y avait pas grand chose à faire !"
Stills tient à souligner l'apport de Dallas Taylor à la batterie (bien que, selon ce dernier, le mix final ne lui rende pas hommage) en faisant insérer, de manière assez flippante (est-ce le fantôme de la maison ou bien un tueur en série planqué là et surpris par le photographe?), son portrait derrière la porte-fenêtre figurant au dos de la pochette. Coupable de lèse-majesté envers le trio dans son livre "Prisoner of Woodstock", Taylor se verra purement et simplement supprimé de la pochette lors de la réédition de 2006.
L'album sort en mai 1969 et va culminer à la 6ème place du Billboard. Ahmet Ertegün avait raison d'y croire, et CSN se pose d'emblée en figure incontournable de la nouvelle scène folk-rock qu'ils contribuent grandement à relancer. Ils réussissent avec cet album à faire la synthèse de 15 ans de musique pop-folk californienne, des typiques Kingston Trio ou New Christy Minstrels aux Byrds et Mamas & Papas triomphants, en passant bien sûr par le Buffalo Springfield, et il deviennent par la même occasion une influence majeure pour nombre d'artistes de la région: Jackson Browne, The Eagles, Fleetwood Mac...
La même année, les Byrds se classent 153èmes seulement avec le pourtant honorable "Dr Byrd & Mister Hyde". Dylan abandonne définitivement son statut de chantre de la contreculture avec l'album aux fortes consonances country "Nashville Skyline". Quelques mois plus tard, les Beatles sortent leur ultime chef d'oeuvre, "Abbey Road". Une page était en train de se tourner...
Anciens protégés de Johnny Otis (chef d'orchestre de jazz et de rhythm'n'blues, et figure influente de la scène musicale du Los Angeles des années 40 et 50), les Robins étaient, au début de la décennie qui vit naître le rock'n'roll, l'une de ces nombreuses formations de doo-woop à écumer les labels de LA désireux de profiter de l'engouement du public pour ce style musical.
Leur chance vint de leur rencontre avec deux jeunes auteurs juifs fanatiques de musique noire: Jerry Leiber et Mike Stoller.
Ces deux-là furent la paire magique de l'âge d'or du rock'n'roll ("Hound dog" popularisé par Elvis Presley, "Jailhouse rock" pour le même, "Stand by me" pour Ben E. King...), et quand ils montèrent leur propre label Spark en 1954, ils enrôlèrent assez logiquement les Robins avec qui ils avaient déjà travaillé auparavant (ils furent même les premiers à avoir enregistré l'une de leur composition, "That's what the good books say" (1951) avec Johnny Otis au vibraphone).
Les Robins enregistrent plusieurs titres pour Spark, obtenant parfois des succès locaux comme avec le désormais célèbre "Riot in cell block #9" (1954) écrit lui aussi par Leiber & Stoller (pour la petite histoire, c'est le créateur du standard "Louie Louie" (1957), Richard Berry, alors chanteur des Flairs et de passage dans le studio, qui chante la voix principale).
Enregistré en 1954, "Smokey Joe's Café" est publié en 1955 et sera le dernier disque du label.
En effet, Ahmet Ertegün, fondateur d'Atlantic Records, impressionné par le morceau, propose à Leiber & Stoller de devenir producteurs pour sa filiale Atco Records, qui ressort "Smokey Joe's Café" dans la foulée, lequel, à présent correctement distribué, se hisse à la 7 ème place du Billboard Top 100.
Deux des Robins, Carl Gardner et Bobby Nunn, suivent leurs bienfaiteurs chez Atlantic et forment The Coasters avec Billy Guy et l'ex-Hollywood Flames Leon Hughes, mais il s'agit là d'une autre histoire...
Membres originaux:
Bobby Nunn
"Ty" Terrell Leonard
Billy Richard
Roy Richard
Grady Chapman (depuis 1953)
Carl Gardner (depuis 1954)
Considérée par beaucoup comme le chef d'oeuvre du doo-woop, "Earth angel" est à l'origine la face B de "Hey senorita" des Penguins sorti à en 1954. Préférée à la face A par les DJ de l'époque, cette petite pépite vocale se fraya bien vite un chemin jusqu'à la première place du Billboard R&B en 1955 (#8 au classement général)!
Dans la musique noire américaine des années 50, le doo-woop est roi: la rumeur veut que pas moins de 15 000 groupes ont sorti au moins un disque de doo-woop durant cette décennie!
Les Penguins de Los Angeles sont donc l'un de ces nombreux groupes de jeunes noirs enthousiasmés par ce style de musique qui accompagna la naissance du rock, et qui mélangeait rhythm & blues, gospel et hymnes religieux blancs.
C'est lors de son bref passage chez les Hollywood Flames que Curtis Williams compose "Earth Angel", qu'il apporte en dot à son nouveau groupe, baptisé d'un nom d'oiseau comme beaucoup d'autres formations depuis le succès des Orioles ("It's too soon to know" 1948) qui balisa la route du doo-woop. Mais pourquoi un pingouin? A cause de celui qui figure sur les paquets de cigarettes Kool, car le groupe se voulait "cool"...
Plus ou moins (cela dépend des versions de l'histoire et des différents pressages du disque) co-écrite par Gaynel Hodge (Hollywood Flames) et Jesse Belvin (dont on reparlera), la chanson, dans sa forme finale, est un savant mélange qui s'inspire de certaines compositions précédentes (à commencer, comme pour beaucoup d'autres, par le classique "Blue Moon" de Rodgers & Hart (1935), mais aussi par les plus proches "Dream Girl" de Jesse & Marvin (1953), "These Foolish Things Remind Me Of You" des Dominoes (1953), ou "I know" des Hollywood Flames (1953)...) tout en leur donnant un nouveau souffle.
Le doo-woop n'est-il d'ailleurs pas, par essence, qu'un jeu d'imitation qui consiste à chanter et rechanter toujours la même chanson?
Seulement, après les Penguins, difficile de faire mieux, et comme le souligne Philippe Auclair dans le Dictionnaire du Rock, "toutes les ballades doo-woop, sans exception, aspirent à être l'"Earth angel" des Penguins".
Eux-même se firent d'ailleurs prendre à leur propre jeu, et ils n'eurent aucun autre hit.
Le mot de la fin reviendra à Frank Zappa, grand amateur de doo-woop, qui leur offrira en 1963 le nostalgique "Memories of El Monte", hommage pastiche de leur unique heure de gloire...
Membres originaux:
Curtis Williams (1934 - 1979)
Cleveland Duncan (1935)
Dexter Tisby (1935)
Bruce Tate (1937 - 1973)
Label: Dootone, label fondé en 1951 par Dootsie Williams à Los Angeles
Pour lancer ce tout nouveau blog, je vais modestement vous proposer, à travers une sélection personnelle, un petit voyage musical à travers les mythiques contrées californiennes (eh oui, tant qu'à faire!)...
Il semble que ce soit le célèbre corsaire Francis Drake qui fit résonner pour la première fois sur ces côtes, de la musique européenne, un consort de violes, en 1579!
Ma sélection ne remonte pas aussi loin, cependant, et c'est un peu arbitrairement que je la fais débuter à Los Angeles en 1955: le rock vient juste de naître et la scène musicale de la cité des anges va alors prendre son essor jusqu'à devenir l'une des plus emblématiques des années 60 et 70...
"On my way to sunny California", c'est ainsi que débute l'une des nombreuses chansons des Beach Boys à la gloire de cette patrie fantasmée dont ils furent sans doutes les principaux hérauts!
Leur propre histoire est d'ailleurs l'incarnation parfaite du paradoxe californien: un rêve aux reflets sombres, une béate déchéance, une illusion destructrice...
Pour aller plus loin, je ne saurais trop vous conseiller la lecture un peu ardue peut-être, mais ô combien riche et enthousiasmante, de "Waiting for the sun" de Barney Hoskyns, qui nous raconte l'histoire musicale de L.A depuis le jazz des années 40 jusqu'au rap "West coast" des 80's...